dimanche 24 novembre 2013

Sur Nelligan et Saint-Denys-Garneau....


Je connaissais peu les poètes québécois avant ce printemps de 1995. J'avais lu des poèmes de Nelligan, voilà plusieurs années, à la faveur d'un long séjour à Longueuil. Dans une chambre exiguë, je  m'étais longuement penché sur ce petit cahier violet regroupant des poèmes choisis. Quand je n'étais pas à le lire, j'écrivais des vers. J'étalais des mots sur une feuille blanche, tandis que l'hiver, lui, recouvrait mes vitres de givre.
Plus tard, de retour à Rouyn-Noranda, en Abitibi, j'ai entendu le nom de Saint-Denys-Garneau dans des discussions se déroulant au Cabaret de la Dernière Chance. Je n'avais pas eu ce plaisir de le connaître. C'est au cours d'un voyage effectué dans le but de rassembler des données sur la Gaspésie, pour un manuscrit, que j'ai éprouvé toute la vigueur et l'humanité de ce poète. Un jour, à la bibliothèque du Cégep de Carleton, du côté de la Baie des Chaleurs, j'ai feuilleté sa poésie. 

Sensible, croyant et lucide quant aux valeurs profondes de l'homme, il cherchait à se rendre meilleur, l'Être - comme il l'aimait l'appeler - serait Celui qui guiderait ses pas vers cette humilité, cette charité à laquelle il aspirait...
«Je prie pour avoir le regard pur mais je sais ma fragilité dégoûtante[1]
Utilisant des mots très simples, il exprimait une réflexion si intense sur l'existence humaine, que je m'en suis difficilement détaché.
Sa poésie n'a cessé de me hanter depuis cette visite à la bibliothèque. 

L'homme était un humaniste. S'il cherchait la vérité, la bonté des hommes, il désirait encore plus parfaire sa propre humanité.  Devant la violence des hommes, à la fin, il éprouvait peut-être de la pitié à l'égard de ces hommes, puisqu'il avait été enfant. Un enfant qui plus tard, devait se remettre à vivre à travers des vers choisis tout exprès. L'enfant-poète, s'il a désiré la solitude, c'est un peu parce qu'il a réprouvé les valeurs de son époque. Le poète, après un long moment, s'est rendu compte qu'il ne pouvait plus communiquer avec autrui. Dans le silence, il a voulu interroger les hommes, ses frères. Il s'est attardé surtout, à l'intérieur de ce questionnement, à la spiritualité.
Curieusement, sa vision spirituelle me rappelle celle des autochtones qui croient à une Création, un univers qui serait animé et inanimé, où êtres et choses auraient, semble-t-il, le pouvoir de dialoguer.

Chez les Algonquins, la Terre - appelée « Aki » -, est un jardin où règne l'entente; les hommes y forment un cercle fraternel. Mais le cercle est brisé... Certains présument encore la vérité des traditions orales et persistent à voir des signes surnaturels là où un incrédule n'y voit que ce que son regard lui permet de voir.

Enfin, ils ont la compréhension de la Nature. À l'écoute de leur univers, ils voient l'équilibre naturel et tendent à le protéger. Ils croient à un monde animé et inanimé. Ils ont foi en un Créateur (Kitcimanitot), et en une entité représentant la méchanceté incarnée (Matchimanitot : le diable).

Tout ceci contribue à rendre plausible ma thèse d'une ressemblance entre la spiritualité chrétienne du poète et celle des autochtones.

    J'ai lu son journal, je ressentais sa solitude. Je me suis senti amener par la main dans l'univers poétique de cet homme dont je garderai toujours un bon souvenir...
De même, à la vingtaine, je subissais la terrible emprise de la solitude. Au sein d'un isolement voulu, dans la pauvreté, j'ai moi aussi comblé mes nuits d'accouchements : je voulais mettre au monde des mots. Le désir d'écrire s'imposait avec volupté dans l'esprit, et la volonté que j'avais d'apposer des mots pleins et beaux sur le papier me poussait instamment vers une réflexion de plus en plus intérieure. Comme j'avançais dans le temps, au creux des soirs d'hiver, à force d'accoucher de vers, j'en suis venu moi aussi à me poser la question du sens de l'existence. La mélancolie s'est éprise de moi...
Lorsque qu'un journal me tombait sous la main, la fureur qu'avaient les hommes à s'entre-tuer, à détruire, me remplissait d'effroi.
Je me suis aperçu que je ne pouvais plus sortir dehors sans avoir le regard tourné vers le sol. Je me sentais seul mais la solitude était mieux que l'indifférence du monde.

Vous savez, cette joie que ressentent les moins nantis à la vue d'un cadeau, quelquefois un petit rien, je l'ai aussi ressentie. Parfois, lorsque je levais le regard, je rencontrais un visage qui avait la couleur chaude de la bonté. J'ai connu des hommes qui ne possédaient rien du tout. Malgré cela, l'important pour eux, c'était le don. Avec bonheur, ils vous confiaient un coin de table, ils vous prêtaient une assiette emplie, et souriaient lorsqu'ils voyaient votre ventre se gonfler. L'humilité, ils avaient le don de l'humilité. Et j'ai ce souvenir de Saint-François d'Assises, ce jeune riche qui, volontairement, renonça à la richesse pour vivre près de Dieu.
La nuit était devenue un moment propice à l'écriture; elle m'apportait tout ce dont j'avais besoin pour développer un état d'hypersensibilité tel que je n'avais plus qu'à attendre qu'une émotion me traverse le corps. Je devais, une fois que je l'avais bien saisi, la retenir afin de pouvoir l'installer complètement sur le papier. En ce temps, j'étais jeune et j'étais ignorant de l'originalité de la poésie : je croyais, en somme, qu'il ne me fallait qu'écrire des vers en rimes, construites en de courtes et nombreuses strophes, pour me dire poète. Mon discours était empreint de tristesse, je l'avoue, mais il a été convié à l'attrait d'un bonheur.
Il est vrai que je connaissais mal le sens du rythme, je ne voyais pas toute la joliesse des mots, comme la pesanteur de certains d'entre ces derniers. J'anticipais, en toute innocence, le poème que j'allais rédiger, je convenais d'un mot évocateur qui refléterait la direction de ma pensée, puis je me penchais sur la page pour la noircir d'une encre nerveuse. Le défoulement me soulevait ainsi, vers une autre réalité, pendant des heures. Au matin, à l'aube, je déposais ma plume, sachant très bien que le bruit des autres allait détruire la magie  que je m'étais plus à concevoir...

Récemment, j'ai connu le vers-librisme. À cette heure où je considère les romantiques, les exotiques, les symbolistes, les régionalistes, je m'ennuie seulement des poèmes de Nelligan.

J'ai aimé cette maladie dont il était prisonnier. Sa névrose, en même temps qu'elle me chagrinait, me poussait toujours plus loin dans l'isolement. J'étais intrigué par l'amour qu'il avait pour sa mère et la répulsion que lui conviait son père, un être qui me semblait de marbre. Ce que j'admire chez ce poète, c'est qu'avant d'être enfant ou adulte, il était un fils dont l'amour filial dans sa plus pure expression se réfléchissait dans ce qu'il vivait aux antipodes de ses émotions.
Au temps de sa poésie, extrêmement vivant, il explorait les relations familiales avec une sensibilité maladive, il remarquait surtout la tristesse des êtres, leur anxiété. Névrosé, il ne parvenait pas à regarder autrement.

Les cercueils ne m'intéressaient guère, aussi ma conception critique du monde ne me permettait-elle pas d'adhérer à l'univers qu'il me proposait.

     Un de ses poèmes, par contre, ne m'a jamais quitté. Il s'agit de SOIR D'HIVER. J'aime la saison morte, je l'aime pour son silence. Devant un feu de bois, un soir d'hiver, en pleine forêt, à regarder la robe diamantée du ciel, je me nourrirais de toutes les émotions de l'homme face à la Nature. 

De même, l'hymne de Saint-Denys-Garneau, intitulée NEIGE, m'a ravi.

     Tandis qu'un poème porte sur l'ennui, l'autre s'étend sur la lenteur du temps hivernal. Tristesse et réalisme. L'HIVER regroupe des thèmes chers à d'autres poètes québécois. On retrouve la tombe, le tombeau de Nelligan; le thème des arbres, comme Lasnier, reviendra souvent dans sa poésie. Saint-Denys-Garneau aime la nature, tout comme d'ailleurs, Alfred Des Rochers.

      Un voyage effectué en France lui permet d'admirer les grandes œuvres. La peinture l'intéresse énormément, ainsi en va-t-il de la musique. Il aimera Mozart et Debussy, Bach et Beethoven. Artiste, il peint l'image qui se présente à son esprit telle qu'il la pressent, puisque celle-ci provient d'un univers qu'il a fait sien.

Un monde unique, à vrai dire. Il mêle à son poème les couleurs de la nature: le blanc et le gris s'ajustent au fur et à la mesure du travail de l'écriture. Parfois, il amplifie les tons - des feuilles d'or - comme le faisait si complaisamment Arthur de Bussières, ami de Nelligan, et il aime à animer la strophe d'une musique puissante, parfois sereine, mais revient souvent à la  mélancolie. Ses mélodies sont empreintes de pauses bien formées, calculées, elle se dénote à la forme radieuse des vers. Il n'y a pas cette quête de mots beaux mais anciens dont les symbolistes et les exotiques aimaient à user; le langage est clair, familier et, de circonstance.

Le poète, par une écriture sensible, se joint à la vision qui l'habite. On devine sa présence tout au long du discours poétique.

          Il ne se cache pas derrière ce qu'il écrit, il s'y inscrit.
Pierre Vadeboncoeur, dans son essai Les Deux Royaumes, disait de lui:
« ...Pourtant cette poésie penche tout de même du côté du poète, et de l'amitié, et de la tristesse, et elle laisse donc un souvenir tendre, qui n'est pas pour peu dans la mémoire que nous en conservons, car nous sommes humains[2]

Subséquemment, il écrira des poèmes pleins de tristesse, comme bien d'autres émotifs, mais pour se perdre dans les méandres intérieurs. La réflexion spirituelle qu'il aura entreprise dans cette réclusion volontaire et sa condition physique auront contribués à sa mort prématurée.
Il décédera à l'âge de 31 ans, seul. Sa poésie lui a valu cette sinistre fin. De son vivant, il n'aura été qu'un autre homme rejeté par ses pairs. L'incompréhension aura été à la source de cette claustration vers laquelle il se sera malheureusement retourné au milieu de son cheminement. Une solitude incompréhensible et dévastatrice, l'enveloppera au soir de sa vie; il refusera que l'on publie ses poèmes...

Le Frère Lévis Fortier affirmait ceci sur la poésie de Saint-Denys- Garneau : 

Le miracle ici me semble être la rencontre d'un style simple, pur, ascétique, et d'une âme complexe, tourmentée et mystique[3].
Le poète aime le mot; parce qu'il est lourd de signification, il désire le rendre plus vivant. S'il joue avec celui-ci, s'il le manipule, c'est pour lui consacrer toute sa valeur.
Le mot exprimé doit pleinement évoquer l'image qu'il en a, et l'image se doit d'être pure. Acharné à sa création, préoccupé par la pureté, tant sémantique que spirituelle, l'existence s'écoulera dans le labeur. Conscient de sa fragilité et sensible au malheur, il ne cessera sa quête, son questionnement, que le jour où son coeur ne pourra plus le soutenir.

  Mais ce n'est pas ce dont je veux parler maintenant, ou plutôt si...

Aborder le jeu, celui du poète qui joue avec ses mots, c'est cela qu'il faut que je fasse.

Lorsque l'idée d'un poème survient dans son esprit, il se précipite sur la feuille blanche et l'écrit instamment. Puis, il l'examine et se met à le travailler autrement, conformément à ce qu'il subodore à l'intérieur.
Il veut construire sa vision, morceau par morceau, l'étendre sur le papier de manière à ce chaque morceau soit bien à sa place. Constituant les assises de sa vision, il se plaît à la charger d'éclats lumineux, et d'ombres quand cela le requiert. Peu à peu, le vers s'émancipe, la rime vient renforcer la dimension qui est à se créée dans l'espace de la feuille. Ne faut-il pas dire ce qui est important et tout faire pour ne pas maculer inutilement le papier?

Vraiment, en toute dévotion, il accompli le travail de l'écriture. C'est avec sincérité qu'il chemine, avec vérité. Il sait que seule la constance de l'effort procurera le résultat voulu. Le poète est à prononcer une confession, il est à avouer sa représentation du monde.

    Dans sa chambre, reproduisant le monde, il oublie la réalité l'espace de quelques heures. Doué d'une sensibilité hors du commun, muni de la logique et seul, il met au monde ses mots.


INVENTAIRE
Cet enfant qu'on a dit

n'a pas eu le sort qu'il fallait

Il est venu au monde dans les conditions décevantes

Au milieu d'horribles animaux dont les pires

ne sont pas les bêtes féroces

Qui l'eussent peut-être mangé en bas âge

pour son plus grand bien

Mais il y a tous les rongeurs qui ne changent

rien à l'affaire
[4].

Ce poème représente bien ce que j'essaie d'expliquer depuis tout à l'heure. Autant dans la forme que dans le contenu, l'effort est présent.

Le vers initial introduit le poète. Envisageant ce qui sera dit à son sujet dans l'avenir, quand il ne sera plus, il juge qu'il n'a pas eu le sort qu'il fallait. La négation relie ces deux images. Il suffit de remarquer l'emplacement de cette négation au sein du poème pour s'apercevoir qu'il se situe à un endroit stratégique.
Sa fonction est de séparer l'enfant des mots «qu'on a dit»; ces mots suggèrent «les autres». Employée de cette façon, la négation suppose une double séparation: il y a rupture entre «les autres» et le sort de l'enfant qui n'a pas eu la vie qu'il fallait.

La complexité du poète se dévoile, un jeu de mots se déploie dans l'espace cependant qu'un regard, critique, est posé sur le monde.

     Le poète s'explique : des conditions décevantes l'ont amené à prononcer ce jugement. Il est entouré des hommes, il perçoit leur férocité. Le troisième et le quatrième vers sont ici unis. Ensuite, ils sont divisés au cinquième vers, de nouveau, par la négation.  Cette dernière se trouve exactement sous le mot «animaux» qui, de toute évidence, met une charge de plus sur la valeur des mots «bêtes féroces».
Ainsi, Saint-Denys-Garneau veut avoir la certitude que l'allusion sera retenue. Je regarde de plus près l'endroit où se place la négation, elle est précisément sous les deux premières lettres du mot «animaux». Inversées, ces lettres s'avèrent une sorte de négation.
     Continuant l'explication, il montre qu'il reconnaît que ce n'est pas tous les hommes qui sont méchants. Tous ne désirent pas que la  souffrance soit infligée... Déjà, il a glissé une bonne part de sa sensibilité dans la strophe. Le bien et le mal, c'est certain, se rencontrent dans le poème. Mais au moment où le bien semble triompher du mal - là où l'enfant déclare que par humanité, des hommes lui aurait évité l'existence -, appuyé par un mot qui marque une correspondance, je cite le mot «pour», le mal reprend le dessus.
                   «Mais il y a tous les rongeurs...»

En effet, le doute vient briser cette éphémère union qui avait lieu entre l'enfant et les hommes. Engagé par la négation, puis lié et délié soudainement, le poème effectue un tour sur lui-même.

            «Les rongeurs ne changent rien à l'affaire».

Le thème du rongeur, une bête qui est habituellement inoffensive, dès l'abord, paraît déplacé. Il n'en est rien. Il a sa place, tous comme les autres mots. L'homme est maintenant comparé à un rongeur, un animal dont la faiblesse n'a pas d'équivoque avec le qualificatif choisi plus tôt. Le mot «rongeurs» est peut-être synonyme du mot «penseurs».

Les bêtes, faibles, éprouvent la férocité humaine mais elles ne sont pas un danger pour l'enfant-poète. Les hommes, eux, pensent à la souffrance, mais ne peuvent rien pour l'empêcher de survenir...

*
                                         L'HOMERRIÈRE LE POÈTE
Hector de Saint-Denys-Garneau est d'une longue lignée d'érudits. Voyons qui sont ceux-ci : en 1835, François-Xavier Garneau, fils, épouse Esther Bilodeau. François-Xavier sera historien. Un an plus tard, Esther donne naissance à Alfred; il sera poète. Celui-ci aimera Élodie Globenski. Il deviendra le père de Paul qui lui, mariera Hermine Prévost le 25 avril 1910 à Montréal. Paul Garneau est banquier, Hermine est la fille du  lieutenant-colonel Oscar Prévost et de Louise Juchereau-Duschesnay.
Une première fille concrétise l'union du couple en 1911, Pauline. Le 13 juin 1912, au 64 de la rue Saint-Luc à Montréal, vient au monde Hector de Saint-Denys Garneau.

       Descendant de Jean Juchereau, lequel vint au Canada du temps même de Champlain, le poète en devenir, reçut le titre «de Saint-Denys» en souvenir de son ancêtre Nicolas Juchereau qui avait obtenu une lettre de noblesse du roi Louis XIV et cela, en récompense de sa bravoure au combat contre l'amiral Phipps en 16901.

       Le 14 juin, l'enfant est baptisé à la Basilique-Cathédrale de Montréal. Trois ans plus tard, à Westmount, naîtra un second garçon, il sera baptisé Paul. La famille déménagera près de Québec en 1916 dans le comté de Portneuf, à Saint-Catherine de Fossambeault. Ils habiteront le manoir ancestral (1830) du sénateur Antoine Juchenenau-Duchesnay, arrière-grand-père du poète puis ils iront vivre à Québec en 1922.
      Le 5 avril de cette année, Saint-Denys aura un troisième frère, il sera appelé Jean. Hector de Saint-Denys débute ses études au Couvent du Bon Pasteur de Québec, puis sa famille retourne à Montréal au début de 1923 2.

      En 1926, à l'âge de 14 ans, son premier texte sera publié : Dynosaurus (plus de 1500 concurrents). Il aime la prose. Il s'adonne à la peinture et s'intéresse à la musique classique. L'Angélus de Millet, les Disciples d'Emmaüs, l'Automne; les Dernières Cartouches de Neuville, seront tous des textes publiés en 1928. On reconnaît son talent avec Automne, lors d'un concours de poésie de l'Association des auteurs canadiens (500 concurrents).

Plus tard, bien plus tard, le 10 mars, il rencontre Françoise CHarest, une femme pour qui il éprouvera beaucoup d'amitié et avec qui il découvrira le sentiment amoureux. Il lui enverra plus de quarante-trois lettres en quatre ans. Une de ces lettres, sur l'émotion du baiser, explique la valeur qu'il accordait à l'amour. 
On retrouvera, en annexe, copie de cette lettre titrée «Pourquoi dire qu'un baiser»3.

Elle explique l'attirance qu'il a pour l'amour. Un amour amplifié par la spiritualité. Dans ce texte, Dieu y est souvent mentionné, la Nature aussi...
  Au sein des lettres qu'il faisait régulièrement parvenir à Françoise, on retrouve ce commentaire sur Émille Nelligan4 qu'il faudra vérifier en annexe. Sa correspondance sera prolifique; sa famille, ses parents, et Françoise Charest surtout, seront ceux à qui il écrira le plus souvent.


De nombreuses lettres seront envoyées au père Lucien Hardy (enseignant en Versification au Collège de Jean-de-Brébeuf), à André Laurendeau, à Robert Élie et à bien d'autres personnes.
 
En plus de Regards et jeux dans l'espace, l'auteur a publié au cours de sa vie une quarantaine de textes : poèmes, essais et critiques. On sait qu'après 1938, il ne voudra plus rien publier jusqu'à sa mort5.

      Le poète aura eu le temps d'écrire un journal composé de huit cahiers totalisant environ huit cents pages, sa correspondance s'établira à près de deux cent cinquante lettres, et on dénombra à peu près deux cents poèmes hormis les 61 poèmes regroupés dans un mince recueil intitulé, on le sait, Regards et jeux dans l'espace.

Le 24 octobre 1943, se sentant plus nerveux que d'habitude, Saint-Denys-Garneau quitte le manoir pour aller en canot vers une île où il possède un camp : ses parents le croient chez le voisin, puisqu'il ne revient ni pour le souper ni le coucher. Mais le lendemain, son absence prolongée inspire de l'inquiétude : hélas ! après quelques recherches, on le trouve mort, non pas dans la rivière, mais dans le ruisseau d'un champ voisin. L'infortuné n'avait que trente et un ans. On présume qu'il a été victime d'une crise cardiaque ou d'un fâcheux accident.6


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Sources :


[1]          Saint-Denys Garneau, Hector de, JOURNAL, Beauchemin, Montréal, 1954. Page 142.
[2]          VADEBONCOEUR, Robert, Les Deux Royaumes, L'Hexagone, essais, Montréal, 1978. page 120.
[3]          Le message poétique de Saint-Denys Garneau, Frère Lévis Fortier, S.C., Université d'Ottawa, 1954, page 9.
[4]          Saint-Denys Garneau, Hector de, POÉSIES COMPLÈTES, Regards et jeux dans l'espace, Les solitudes, Fides, Ottawa, 1949, page 184.
1          Frère Lévis Fortier, S.C., Le message poétique de Saint-Denys Garneau, Université d'Ottawa, Ottawa. 1954, pp. 22-23.
2          BREAULT, Jacques, LACROIX, Benoît, Saint-Denys-Garneau, Œuvres, Université de Montréal, 1971, Chronologie, page xx.
3          Ibid., Correspondance, pp. 810-811.
4          BREAULT, Jacques, LACROIX, Benoît, Op., cit. Correspondance, pp. 842-843.
5          Ibid., Introduction, p. xiii.
6          Frère Lévis Fortier, S.C., Op., cit.  p. 35 et note en bas de page : D'après une lettre à l'auteur (4 novembre 1953), signée par le Dr Rosaire Cauchon, coroner qui a tenu l'enquête après la mort de Saint-Denys-Garneau. 















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