Le geste

Sa plainte silencieuse

Déchire l'air abusé

Remous dans l'âme

Je ne suis que vieillesse

Essuyeur de larmes usées
Piètre défenseur de ma dame

Puisque sa vie, son destin

Prend un autre chemin
Car l'amour est moins fort
Que la mort qui là, dort

Elle se réveille à mon départ
Je reste pour ces moments rares

Où les mots ne servent point
Où seul le geste dit la fin...

Notre histoire

 

Ils furent beaux ces jours

Où, toi et moi amoureux

À l'écart des regards sans détours

Nous contemplions les cieux

Tout en faisant des projets

Accrochés à l'avenir

Sans peur à l'aube du malheur

Épris, comme des enfants, de joies

Nous avions nos secrets

Pour l'amour, pas d'heures

Sans savoir ni toi ni moi

Que l'histoire devait finir...









 

Ici bas...

Je suis une épave
Projetée contre le vide
D'une vie sordide

Je crie , nage et bave

Tout ce qui me reste

Elle me laisse

Mais ne le veut pas

Le désir de vie était là

Sa voix, jamais plus d'éclat

Toi, au ciel, moi ici bas...

Cette croix

Regarde cette croix
Et comme il est nu

Tu as peur, moi aussi
Je souffre de te perdre

Tu n'aimes pas l'inconnu
Et moi je hais ta maladie
Ta main me retient
Le bien n'est rien

Tes yeux, tes joies
Je suis ton choix
Tu me l'a dit
Près de toi, assis.

Regarde cette croix
Nu. De te perdre...

Des mots

Où donc sont ces mots
            Que tu disait, pleins d'amour?
                       Où donc est cette chanson
                                           Que tu disait nôtre

Chaque nuit, chaque jour

Je pense à notre bateau

Celui qui est allé aux autres

Car dénués de rançon

À donner à la Vie
Pour nous accrochés
L'un à l'autre
Séparés, séparés

Notre puits s'est tari

Tout à se reprocher

L'un et l'autre

L'Oublie n'est point paré...

Sanctuarium

Elle était patiente
En ce sanctuaire blanc
À haïr ses murs

Dans l'attente

Les souvenirs

Passent le temps

Si seule, tristesse pure

Aux faux réconforts

Goûter la vie encore

                                                                                     


                                                                                                                Mais le corps, le corps...

Poème sur le silence de l'homme.

Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester


                                                                                                 Martin Niemöller