La poussière de l’heure et la cendre du jour
En un brouillard léger flottent au crépuscule.
Un lambeau de soleil au lointain du ciel brûle,
Et l’on voit s’effacer les clochers d’alentour.
La poussière du jour et la cendre de l’heure
Montent, comme au-dessus d’un invisible feu,
Et dans le clair de lune adorablement bleu
Planent au gré du vent dont l’air frais nous effleure.
La poussière de l’heure et la cendre du jour
Retombent sur nos cœurs comme une pluie amère,
Car dans le jour fuyant et dans l’heure éphémère
Combien n’ont-ils pas mis d’espérance et d’amour !
La poussière du jour et la cendre de l’heure
Contiennent nos soupirs, nos vœux et nos chansons ;
À chaque heure envolée, un peu nous périssons,
Et devant cette mort incessante, je pleure
La poussière du jour et la cendre de l’heure...
Lozeau, Albert, « La poussière du jour »,
Le miroir des jours, Montréal,
Imprimerie du Devoir, 1912.